Préserver la démocratie sénégalaise, c’est casser le monopole des politiques (Par Assane NIANG)

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Pendant des décennies, la fin de la guerre froide a créé une illusion confortable.La démocratie et la liberté économique étaient inextricablement liées et inexorablement triomphantes. Mais la nature de cette liberté a un impact sur la démocratie elle-même.

Dans une grande partie de ces « grandes » ou petites « démocraties », les appareils politiques dirigent de plus en plus les politiques publiques, faussent le discours politique et dominent notre quotidien.

 

Pour que la démocratie fonctionne, elle doit en réalité être libre.

Les classes dirigeantes et leurs représentations politiques ont toujours voulu tenir la volonté populaire à distance. Aujourd’hui, ces « élites » affichent envers elle un mépris lourd de conséquences.La représentation politique est avant tout nationale et non pas populaire. C’est-à-dire qu’une partie du peuple est censée pouvoir le représenter valablement tout entier.

Expression de la liberté et de l’égalité des citoyens, la démocratie au sens général relève en outre du principe de précaution. En effet, quelle portion du peuple sénégalais peut prétendre à elle seule détenir la vérité ? C’est forcément de la confrontation de tous les points de vue sans exception que peut naître la vérité.

Les politiques contestent la capacité des citoyens à comprendre les vrais enjeux.

Le scrutin présidentiel du 24 février au Sénégala posé à nouveau la délicate question des conditions de présentation à l’élection. Mais cette fois-­ci, le débat prend davantage d’ampleur. Le Conseil constitutionnel brille selon les politiques par son incapacité à satisfaire les désirs de l’opposition qui avaient pourtant accepté les règles du jeu de départ.Revenons sur les différents critères de « sélection préalable » des candidats à l’élection.

Au premier rang se trouvent des conditions d’éligibilité peu restrictives et somme toute classiques. L’objectif de ce dispositif est d’éviter une multiplicité des candidatures.

L’instauration d’un tel dispositif de présentation dans le cadre d’une élection au suffrage universel direct vise à limiter le nombre de candidatsà l’élection présidentielle afin d’éviter des candidatures fantaisistes ou celles défendant des intérêts purement locaux. L’objectif est donc clair et légitime : permettre une meilleure lisibilité du scrutin et éviter un éparpillement des voix

La présentation d’un candidat à l’élection du président de la République est un acte politique lourd de conséquences. Il importe donc de l’entourer de toute la solennité nécessaire. Le dispositif de présentation, tel qu’il est conçu, n’a pas toujours empêchéune inflation du nombre de candidats (Plus de 27 dossiers) à l’élection et reste donc imparfait.La question de la publicité des parrainages pose également des difficultés.Une publication intégrale du fichier électoral(où figure l’ensemble des parrains) devrait être envisagée dans les locaux même du conseil constitutionnel ou même que ce fichier soit mis entre les mains des candidats à la candidature afin de préserver le principe d’égalité.

La cohabitation entre les politiques et le peuple a toujours ramé à contre-courant. Ils critiquent l’inculture du peuple. Dans leur esprit, le peuple c’est toujours les autres.

Au-delà de ce cas précis, c’est à la volonté des classes dirigeantes de gouverner, à leur profit. Dans la campagne présidentielle actuelle, n’est-il pas frappant de voir les candidats des grands partis vouloir écouter les électeurs en prenant soin de définir eux-mêmes le périmètre de la discussion, ce dernier excluant en particulier les questions économiques et sociales.

C’est le principe fondamental du droit des peuples à décider de leur destin qui est remis en cause. Les « élites » renouent ainsi avec les comportements arrogants, la fourberie politique leur fournissant un très utile paravent.

 




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