L’ère du post-Covid : au carrefour de la vigilance et de la responsabilité

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Après son message à la nation dans lequel le Président de la République mettait fin au couvre-feu et à l’état d’urgence, je ruminais une pensée de Bouddha : « la vigilance est le chemin du royaume immortel ; la négligence celui qui conduit à la mort ». C’est tout le sens de son discours. En invoquant l’ère post-covid, le Président Macky SALL nous installe au carrefour de la vigilance et de la responsabilité. D’ailleurs, il le dit sans ambages : « le péril est toujours là et nous devons continuer la lutte » avant de soutenir qu’ « en levant l’état d’urgence, je rappelle, en même temps, que l’urgence sanitaire est toujours là et nous impose un devoir : devoir de vigilance, devoir de responsabilité individuelle et devoir de responsabilité collective ». De ces propos, j’en tire trois enseignements majeurs.
D’abord, il annonce l’avènement de l’ère post-covid. Du latin post, le préfixe signifie après et exprime la postérité dans l’espace ou dans le temps. Or la réalité montre tout autre chose. Le virus est toujours là. Il n’est pas encore très bien connu. Il n’est pas maîtrisé ni par un vaccin préventif ni par un remède curatif. Donc, le Président, lorsqu’il utilise post, veut justement nous préparer à l’avenir qui se conjugue au présent. Je ne parle pas du futur mais de demain qui, selon le Général De Gaulle, « commence aujourd’hui et finit bien plus tard ».
Vu sous cet angle, il révèle une prise de conscience et de connaissance effective de la situation du moment en voulant simplement évoquer les urgences actuelles et ponctuelles qui nous interpellent et l’absolue réalité de vivre avec, comme on cohabite avec la VIH, la tuberculose, le paludisme et autres virus. Il est le Chef de l’Etat. Il a la charge d’apporter du bonheur aux Sénégalais et de leur assurer une totale sécurité dans un univers globalement mondialisé. Partout, après la résilience, tout est à l’arrêt, à tout le moins au ralenti. Combattre exige des armes et des soldats. Pour cela, il faut des moyens, surtout financiers. Il s’agit de pouvoir vivre pour survivre de la Covid-19. En quoi faisant ? Considérer que la peur est derrière nous et le moment est postérieur à la psychose annihilante et dramatique de la pandémie à ses débuts. Cette ère est celle de l’affrontement, de la croisade, de la lucidité et surtout de la victoire, armes à la main. Il faut la bonne marche de l’économie, seule créatrice de richesse. Il faut un plan de relance économique et financière qui est du ressort de l’Etat. Sans elle, aucune lutte n’est possible, aucun combat ne peut être gagné, surtout contre ce coronavirus-là. D’où le retour aux horaires de travail normaux et à l’ouverture progressive des frontières pour une reprise graduelle des activités afin de faire face à la pandémie.
La manière repose sur les deux autres enseignements du message présidentiel.
Ensuite, la vigilance. Sur ce point, le discours n’a point pris une ride encore moins emprunté un détour. Il est resté constant puisque dès le soir où il a décrété l’état d’urgence, So Excellence Macky SALL a averti les sénégalais en ces termes : « l’épidémie qui était confinée à un seul foyer s’est étendue à d’autres localités du pays. C’est dire que le virus gagne du terrain. J’ajoute qu’à ce jour, il n’y a ni vaccin, ni médicament homologué contre le COVID-19. Ce soir, mes chers compatriotes, et je vous le dis avec solennité, l’heure est grave ». Hier, il a réitéré que « le péril est toujours là ». Donc, attention à nous tous ! Au lieu d’une inapplication effective des mesures et gestes barrières comme le prétend une certaine presse depuis quelques jours, il s’agit plutôt de leur irrespect par certains sénégalais. Sont toujours obligatoires la distanciation physique, le port du masque dans la rue et lieux publics ouverts et fermés et surtout le lavage des mains. Sont déconseillés les attroupements futiles et les déplacements inutiles. C’est en cela que réside la vigilance qui interpelle principalement les forces de défense et de sécurité.
Enfin, le Président nous invite à la double responsabilité individuelle et collective. Cet appel n’est qu’un rappel à l’altruisme, au patriotisme et à la citoyenneté puisque dès l’apparition des premiers cas testés positifs, le Chef de l’Etat a lancé cette invitation : « J’en appelle à la responsabilité de chacun et de chacune. J’en appelle à l’esprit citoyen et patriotique de toutes et de tous. Limitons nos déplacements. Evitons les rassemblements de quelque nature qu’ils soient. Il y va de notre propre santé et de notre propre vie. Il y va de la santé et de la vie de nos familles et de nos communautés. Mobilisons-nous, mes chers compatriotes. Ne laissons au virus ni la vie, ni nos vies. Il y va de notre salut. Il y va du salut de la Nation ».
Pendant ces quatre derniers mois, le sénégalais s’est exhibé. (Pas tous heureusement). En mars et avril, c’est la révélation de la défiance et de la déviance. En avril-mai, c’est la consécration de la pression populaire et d’une certaine indiscipline. En juin, c’est la confirmation de la lassitude face aux multiples sollicitations les plus contradictoires (fermetures/ouvertures ; confinement/déconfinement) et venant d’horizons divers et variés. Au final, le Président de la République ne pouvait que prendre la bonne décision en toute responsabilité : ouvrir l’ère post-covid caractérisée par la vigilance et la responsabilité.
Le tocsin a sonné lorsqu’il psalmodiait le consommer sénégalais, autre soupape dans le futur plan de relance. Les décisions prises sont opportunes et idoines, populaires et saluées par tout épris clairvoyant. Par contre, beaucoup sont sceptiques sur une telle discipline des sénégalais à suivre les recommandations du Président de la République. On peut le concéder mais il faut nourrir l’espoir que les concitoyens ont appris de cette période de résilience et du cataclysme mondial causé par la Covid-19 avec autant de morts. Ils ont compris que seuls les vigilants auront la chance de survivre là où les négligents tous courront le danger de mourir.
Pour une fois, l’humanité vit une histoire et une culture collectives. Le salmigondis redouté fera disparaître ce qui devrait permettre aux sénégalais d’effectuer l’inventaire de leur héritage et de leur génie. Malheureusement, le mépris boursier du long terme, de la fatalité et le culte de l’immédiateté attisent notre monde qui fabrique davantage de fils de pub et de buzz, auteurs des fake news, que de citoyens vigilants, responsables et désireux de comprendre et de survivre. Qu’on y prenne garde : le rôle majeur d’une génération est de transmettre un dépôt à ses enfants, à charge pour eux de contester, de dilapider et faire fructifier cet héritage.
A chacun d’assurer pour permettre à l’Etat de rassurer grâce à la vigilance et la responsabilité de son Chef qui, après l’état d’urgence, pilotera le plan de relance salvateur et protecteur de tous les sénégalais.

Mouhamadou Mounirou SY
Conseiller Spécial du Président de la République
auprès du Secrétariat général du Gouvernement !




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