Message à la Nation de SEM le Président Sall dans le cadre de la lutte contre la maladie à coronavirus COVID-19

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Mes chers compatriotes,

J’ai souhaité m’adresser à vous ce soir pour vous
entretenir de la situation liée à l’évolution de la
pandémie du COVID-19.
Vous le savez, dès l’apparition du premier cas le 2
mars dernier, le Gouvernement a mis en place une
stratégie de contingentement de la maladie que
nous avons ajustée au fur et à mesure de son
évolution.
C’est ainsi que, tenant compte du risque de
calamité publique lié à la pandémie, j’ai proclamé,
le 23 mars, l’état d’urgence assorti d’un couvre-
feu sur l’ensemble du territoire national.
Plus de deux mois après, et malgré le rythme de
progression de la maladie, notre système de santé
s’est montré résilient face à une pathologie
pourtant inédite et particulièrement contagieuse.

 

Nous le devons surtout à la compétence et au
courage remarquables de notre personnel de
santé. Les propos poignants de malades guéris en
sont les meilleurs témoignages.
Je renouvelle nos chaleureux remerciements et
notre profonde gratitude au corps médical, para
médical et au personnel de soutien, tous engagés
jour et nuit dans une bataille risquée contre une
maladie vicieuse, encore largement inconnue.
C’est pourquoi je tiens particulièrement à la
protection des personnels de santé. Des mesures
spéciales de sécurisation devront être aménagées
partout pour éviter leur contamination.
Je félicite les équipes du Ministère de la Santé et
de l’Action sociale et tous les autres Services de
l’Etat mobilisés dans la lutte.

 

Je salue et encourage nos Forces de défense et de
sécurité déployées sur l’ensemble du territoire
national pour veiller à l’application des mesures
édictées dans le cadre de l’état d’urgence.
Je remercie nos guides spirituels, les leaders
d’Associations religieuses, toutes confessions
confondues, les autorités coutumières, ainsi que
les mouvements citoyens qui soutiennent et
facilitent l’action de l’Etat dans la riposte au
COVID-19.
Je prie pour le repos de l’âme de nos morts du
COVID-19, d’ici et de la diaspora. Je présente nos
condoléances émues à leurs familles éplorées.
Chaque deuil nous affecte profondément, surtout
lorsqu’à cette souffrance, s’ajoute la douleur de la
distance, quand le décès survient à l’étranger.

 

Ainsi, tenant compte de la forte demande de
rapatriements de corps de nos compatriotes
décédés du COVID-19 à l’étranger, et sur la base
d’avis motivés que nous avons recueillis en ce qui
concerne les conditions sanitaires, il sera
désormais possible de procéder à ces
rapatriements.
J’ai donc instruit le Ministre des Affaires
étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, en
rapport avec le Ministre de la Santé et de l’Action
sociale, de faciliter les rapatriements, pour les
familles qui le souhaitent, dans le respect des
conditions sanitaires requises.
Aux malades et porteurs asymptomatiques du
virus, j’adresse nos vœux ardents de prompt
rétablissement.

 

J’invite chacun et chacune d’entre nous à éviter la
stigmatisation des malades. Cette stigmatisation
n’est pas acceptable. Le COVID-19, je le rappelle,
n’est pas de ces maladies dites honteuses. Au
demeurant, nul n’est à l’abri d’un virus aussi
contagieux. Alors, que chacun adopte une attitude
digne et respectueuse vis-à-vis de son prochain.
Mes chers compatriotes,
Dès l’apparition de la pandémie dans notre pays,
j’ai donné instruction au Gouvernement de définir
et mettre en œuvre une stratégie adaptée à nos
réalités économiques, sociales et culturelles.
C’est pourquoi, en lieu et place du confinement,
nous avons opté pour des mesures restrictives
visant à limiter la circulation du virus.
Grâce à ces mesures, nous avons pu couper la
chaine de transmission par voie importée et

 

maintenir la maladie encore sous contrôle, malgré
son rythme de progression. Chacune et chacun de
vous a contribué à cette performance par ses
sacrifices et ses efforts.
A ce jour, notre pays compte 1886 cas positifs,
dont 715 guéris et 19 décédés. Nous avons
présentement dans nos structures de santé 1151
malades sous traitement. 7182 contacts sont
suivis par les Services de santé.
La carte épidémiologique montre que sur les 45
Départements, 22 ne comptent aucun cas de
COVID-19. Nous devons nous en féliciter et
redoubler de vigilance.
Aujourd’hui, après deux mois de mise à l’épreuve,
nous devons sereinement adapter notre
stratégie, en tenant compte, une fois de plus, de
notre vécu quotidien. J’ai consulté à cet effet une

 

équipe pluridisciplinaire d’éminents experts
nationaux.
Il ressort de leurs analyses et évaluations
minutieuses que dans le meilleur, des cas, c’est-à-
dire si nous continuons d’appliquer les mesures
édictées, le COVID-19 continuera encore de
circuler dans le pays jusqu’au mois d’août, voire
septembre.
Ces projections montrent que l’heure ne doit pas
être au relâchement, mais à l’adaptation.
Plus que jamais, l’Etat continuera donc de veiller à
l’application des mesures de contingentement de
la maladie.
Mais plus que jamais, la responsabilité de
chacune et de chacun de nous est engagée.
Dans cette nouvelle phase qui va durer, non pas
quelques semaines, mais au moins trois à quatre

mois, nous devons désormais apprendre à vivre
en présence du virus, en adaptant nos
comportements individuels et collectifs à
l’évolution de la pandémie.
En conséquence, il nous faut adapter notre
stratégie, de façon à mener nos activités
essentielles et faire vivre notre économie, en
veillant à la préservation de notre santé et celle de
la communauté.
Au regard de ces considérations, j’ai décidé de
l’assouplissement des conditions de l’état
d’urgence comme suit :
 A compter du mardi 12 mai 2020, les horaires
du couvre-feu seront de 21 heures à 5 heures,
au lieu de 20 heures à 6 heures. Les horaires
de bureau sont réaménagés de 9 heures à 16
heures.

 Les marchés et autres commerces qui étaient
astreints à des jours particuliers d’ouverture
seront ouverts 6 jours et resteront fermés un
jour dédié au nettoiement. Ce jour sera
déterminé par l’autorité compétente en
fonction des contingences locales.
 Les marchés hebdomadaires, communément
appelés loumas, seront rouverts, mais dans les
limites de chaque Département.
Il sera également procédé à la réouverture des
lieux de culte. Le Ministre de l’Intérieur, en
rapport avec le Ministre de la Santé et de l’Action
sociale, engagera les consultations nécessaires à
cet effet avec les guides spirituels et les
Associations religieuses, pour convenir des
conditions et modalités.

S’agissant de l’école, les cours reprendront le 2
juin pour les classes d’examen, c’est à dire pour
les classes de CM2, Troisième et Terminale ; soit
551 000 élèves, du public et du privé réunis, sur
les 3 500 000. L’année scolaire et le calendrier des
examens seront adaptés en conséquence.
Les élèves des autres classes continueront de
suivre les cours à partir du dispositif Apprendre à
la maison, décliné dans ses plateformes
télévisuelle, radiophonique et numérique.
En ce qui concerne l’Université, le Ministre en
charge de l’Enseignement supérieur poursuivra les
concertations avec les différentes académies pour
aménager les enseignements à distance.
Le Gouvernement veillera particulièrement à ce
que la fréquentation des lieux de culte, des
établissements scolaires et autres espaces

publics, des marchés, et autres commerces, y
compris les restaurants, obéisse strictement aux
mesures de distanciation physique et aux gestes
barrière ; notamment le port obligatoire du
masque et le lavage des mains.
Partout, le respect de ces conditions est essentiel
pour éviter des risques de contamination. Le
Gouvernement y veillera de près et prendra, le cas
échéant, toutes les mesures appropriées afin de
prévenir la propagation du virus.
Déjà, 10 millions de masques ont été produits
localement. Ils seront distribués dans les écoles,
les lieux de culte, les marchés et les transports
publics.
Ensemble, chacun jouant pleinement son rôle,
nous réussirons le pari de redynamisation
progressive de la vie nationale.

Dans le même esprit, avec l’hivernage qui
s’annonce, j’ai demandé au Gouvernement de
prévoir les assouplissements nécessaires au
transport public, afin de permettre aux travailleurs
agricoles de rejoindre leurs localités.
C’est le lieu pour moi de remercier nos guides
religieux, musulmans et chrétiens, pour leur
pleine participation à notre combat commun
contre le COVID-19. Je compte sur leur soutien
continu pour l’application des mesures
d’adaptation dans cette nouvelle phase que nous
engageons.
Je remercie les parents d’élèves, les enseignants,
personnels d’encadrement et partenaires sociaux.
Tous restent actifs dans la gestion de cette crise
majeure qui affecte aussi l’école.

Je remercie également le secteur privé et les
syndicats de travailleurs, pour leur résilience dans
ce contexte si particulier.
Mes chers compatriotes,
Alors que nous faisons face à une crise sans
précédent, je suis heureux de constater que loin
de céder à la résignation, nous puisons chaque
jour dans le génie créateur de notre peuple les
ressources nécessaires à notre résilience
commune.
Je pense à toutes ces initiatives locales qui
fleurissent face au COVID-19. Je pense aux
tailleurs qui confectionnent des masques, aux
étudiants, enseignants et chercheurs qui
fabriquent des gels hydro alcooliques, qui
inventent des robots, des respirateurs artificiels et
des machines à laver les mains. Je pense aux

concepteurs de plateformes de commerce
électronique et aux livreurs qui offrent leurs
services pour nous éviter des déplacements
propices aux risques de contamination.
Toutes ces compétences et ces savoir-faire locaux
nous parlent, pour nous dire que rien ne peut
épuiser la force mentale d’un peuple résolu à
affronter les épreuves et maîtriser son destin.
Dans le plan de relance de l’économie nationale,
post COVID-19, j’ai la ferme intention de soutenir
toutes ces énergies positives et toutes ces
intelligences créatives, parce qu’elles portent les
promesses généreuses d’un futur plus moderne
et plus prospère.
Alors, restons mobilisés et confiants, mes chers
concitoyens. Restons mobilisés, unis et solidaires

pour baliser la voie du futur ; celle de l’endurance
et du succès au bout de l’effort.
Bonsoir.




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