Grand Entretien avec Abdou Ndéné SALL, Directeur Général de la SN TER

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Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours professionnel

Je m’appelle Abdou Ndéné Sall. Au plan politique, je suis le Coordonnateur de Benno Bokk Yakaar et de l’APR dans le département de Tivaouane.

Je suis, de par ma formation, ingénieur de conception en génie civil de la neuvième promotion Cheikh Anta Diop (1986(de l’école Polytechnique de Thiès.
En 1987 j’ai obtenu mon premier emploi comme inspecteur à la Régie des Chemins de Fer du Sénégal.
Mon second poste, je l’ai occupé au projet de gestion de développement urbain de la banque mondiale.
J’ai été, par la suite, à la tête du Consortium CEGES pendant 12 ans avant de créer le Cabinet Afric Consult jusqu’à mon entrée au Gouvernement le 7 Juillet 2014.

Je suis, par ailleurs, titulaire :
d’un DESS en politique économique de l’UCAD 2000/2002,`
d’un MBA en Banque Finances CESAG 2202/2004 ;
d’un MBA en Banque en Stratégie et Finances Paris Sorbonne Panthéon Dauphine 2011/2013,
Je suis enfin Doctorant a la Luxembourg School of Business de sur le thème le choix de financement au Sénégal : Influence et Justification.

Au plan professionnel, j’ai assuré la supervision et l’exécution de travaux, de construction et de réhabilitation dans des projets d’infrastructures au Sénégal. Au plan international en qualité de consultant individuel et d’ingénieur en génie civil, j’ai supervisé le projet d’évaluation et le montage financier du projet éducation. Au Niger, au Gabon, au Cameroun, en Côte d’ivoire et au Togo.

Parlez-nous de votre compagnonnage avec le Président Macky Sall

Mon compagnonnage politique avec le Président Macky Sall date de 2012. Je l’ai, cependant, connu plutôt, alors qu’il entamait sa carrière à PETROSEN et que moi-même je faisais mes premiers pas au sein du Projet de Gestion du Développement Urbain. Nos deux structures étaient logées dans deux appartements contigus.
J’ai, par la suite, eu l’occasion de collaborer avec lui dans le cadre du programme indépendance 2006 et 2007 pour les régions de Fatick et de Kolda.

Lorsqu’il entreprit d’aller vers son destin présidentiel pour prendre en charge les destinés du Sénégal, je l’ai accompagné tout naturellement. J’ai été, en effet, convaincu par sa démarche claire, sa vision globale et son approche prospective. Sa qualité d’ingénieur y était certainement pour quelque chose du fait de la capacité de cette corporation à analyser des situations complexes et à construire des solutions efficaces et structurantes.
J’avais, de ce fait, la conviction que les chemins que nous allions défricher sous sa conduite ouvriraient les chemins propices pour développer le Sénégal.

C’est pourquoi en 2014, lorsque le Président qui a pris le pouvoir en 2012, m’a appelé à ses côtés pour relever le défi de la relance du chemin de fer en qualité de Secrétaire d’État pour deux ans et de ministre délégué chargé du développement des réseaux ferroviaires pendant trois ans j’ai accepté la mission certes difficile mais important et utile pour le pays. Je ne remercierai jamais assez le Chef de l’État de m’avoir permis avec une équipe engagée d’avoir contribué à la réalisation du Projet du Train Express régional et à la conception de la stratégie de relance du Projet. Dakar Bamako.

Au mois de juin 2019 le Président a bien voulu me confier le plus grand projet du Sénégal indépendant. Le TER, en termes de montage de financement, en termes de complexité du projet, en termes de gestion de patrimoine un projet de nouvelle génération et le signe de l’entrée du Sénégal dans le siècle nouveau.

Comment est né justement le projet du TER que vous qualifiez comme étant le plus grand projet du Sénégal ?

Le président Macky Sall bien avant son entrée dans des gouvernements avait déjà nourri une profonde réflexion et procédé à un état des lieux du secteur des transports et constaté particulièrement une forte dégradation de l’infrastructure ferroviaire et du matériel roulant sur l’ensemble du pays.

Lorsqu’il a décidé d’écrire sa propre histoire, il a commencé à faire le tour du Sénégal pour rencontrer le pays profond. C’est au cours de ce périple qu’il a finalisé son diagnostic.

Il a constaté que la gestion de la mobilité urbaine et la desserte des banlieues de Dakar est l’un des défis majeurs de la capitale qui compte 3 millions d’habitants surtout au regard de son urbanisation croissante avec un accroissement annuel de 100 000 habitants par an, soit 3 % par an et de sa géographie caractérisée par l’étroitesse de la presqu’île du cap vert.
Il faut rappeler que c’est une agglomération qui représente 0,3% de la superficie nationale, qui concentre 66% des activités du pays et 72% du parc automobile. Dans sa volonté de désengorger Dakar le président a concu un projet ambitieux de développement d’une ville nouvelle/pôle urbain à Diamniadio.
Dans ce contexte vous comprenez que le Train Express Régional (TER) de Dakar-Diamniadio qui s’inscrit dans une perspective de développement durable, est levier essentiel pour relever le défi de la mobilité. Il répond également à une vision globale et à long terme du développement de l’agglomération de Dakar et constitue, de ce fait, une priorité du gouvernement dans sa démarche de mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE) et dans son approche stratégique de réaménagement et de transformation des territoires.

Fort de ce constat d’un besoin spécifique d’une demande de transport non satisfaite le gouvernement a élaboré une démarche bâtie autour du questionnement ci-après :
. Est-ce que le projet est économiquement viable?
Est-ce que le projet est économiquement viable ?
Est-ce que le Sénégal dispose des compétences et des moyens pour conduire le projet ?
Des études menées par des cabinets internationaux et un pool d’experts et d’ingénieurs sénégalais ont permis d’établir des dossiers d’analyse de faisabilité qui ont répondu favorablement à ces préoccupations. C’est à la suite de ce processus que le Chef de l’État a donné des instructions pour étamer les démarches relatives à la structuration du financement du projet.

Quelle a été la suite après l’approbation du Président ?

J’ai rappelé les étapes préalables liées à l’identification du besoin les analyses les études et la disponibilité de ressources humaines locales en nombre en qualité suffisants. Ces facteurs sont a la base de l’autorisation donnée par le Chef de l’État.
A ce stade les services du ministère de l’économie et des Finances seules compétentes pour engager financièrement le Sénégal et négocier avec la communauté des bailleurs prennent le relais si vous me passez l’expression.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’aucun partenaire financier ne s’engage dans un projet qui n’a pas de viabilité économique. C’est vous redire l’importance de la démarche d’études et d’analyse à la quelle les services techniques du ministère des infrastructures des transports terrestres et du désenclavent et l’APIX ont procédé.
L’engagement massif et intéressé des partenaires techniques et financiers constitue à plus d’un titre que le projet du TER obéit à toutes les exigences d’utilité, de rentabilité économique et financière.
La Banque Islamique de développement (BID) a financé à hauteur de deux cent milliards de francs CFA
La Banque Africaine de Développement (BAD) s’est engagée à hauteur de cent vingt milliards de francs CFA
L’ensemble des partenaires français ont contribué à hauteur de cent quatre-vingt-quinze milliards de francs CFA
Le Sénégal a complété le reste. Ce qui fait un coût global autour de sept cent milliards de francs CFA.
Je voudrais vous préciser que le coût de ce projet est établi sur la base d’un appel d’offre international qui, par définition, garantit les prix compétitifs. L’ensemble du processus de passation des marchés a reçu les avis de non objection des autorités nationales et des bailleurs de fonds internationaux.

Ou est-ce que vous en êtes avec l’opérationnalisation de la phase 1 du TER?

Les travaux sont très en avance. Le taux de réalisation est, à ce jour à plus de 97%. Au moment où je vous parle les processus liés à la certification sont encours à un stade avancé. Il, est important de porter à la connaissance des populations l’importance de cette étape qui est la dernière touche des travaux et qui va apporter toutes les assurances relativement à la sécurité des installations fixes, du matériel roulant et des systèmes par l’identification et la prise en charge de l’ensemble des risques générés par le fonctionnement du TER.
Le TER est une infrastructure moderne qui appartient en totalité au Sénégal ;il constitue une vitrine et donne une indication sur le niveau d’infrastructure et de services que le Président Macky Sall souhaite offrir au Sénégal.
La qualité et le niveau d’exploitation que requiert ce patrimoine sont à l’origine de la décision du Gouvernement de faire appel au savoir-faire groupement SNCF / RATP/KEOLIS.
Il faut préciser que le TER fait appel à un train bi mode inconnu dans toute la sous-région, à des systèmes de signalisation de télécommunications et de billettique de dernière génération les plus modernes. L’exploitation, la maintenance et l’entretien des divers infrastructures nécessite le concours appréciable de l’assistance de partenaires stratégiques dans les premières années.

Un contrat d’exploitation et de maintenance sur une période déterminée sera bientôt signé avec ces partenaires sur une période minimum favorisant le transfert technologie et de connaissance. Les compétences locales constitueront la majeure partie du personnel. La présence d’agents expatriés sera limitée au strict minimum nécessaire.

Croyez-vous sincèrement au renouveau du chemin de fer au Sénégal ?

Ma réponse est toute simple : Oui Je crois fortement au renouveau du secteur ferroviaire.
Le premier élément de réponse sur le quel je me suis longuement étendu est Le projet du TER. C’est une infrastructure, visible par tous et au-delà de sa réalité, de son utilité et des réponses qu’il va apporter au problème de la mobilité entre Dakar et ses proches et lointaines banlieues, constitue un lien entre les Dakar et le nouveau pôle urbain de Diamniadio, de l’Aéroport Blaise Diagne

Au début de notre entretien je vous ai dit que le Président, en faisant le tour du Sénégal, a constaté l’tat de dégradation du secteur il a de ce fait forgé une vision de relance du chemin de fer en parallèle et en alignement stratégique avec le PSE, à l’horizon 2035, qui va engendrer beaucoup de production. Il faut, en conséquence, promouvoir un transport ferroviaire comme appui à cette production.

La vision du Président vise l’instauration d’un nouveau secteur ferroviaire articulé sur un maillage du territoire, adossé aux potentialités minières découvertes au Sénégal tout en facilitant le transfert des zones de production aux zones de consommations et le désenclavement des régions naturelles de la Casamance et du Sénégal orientale.
Le projet de renouvellement de la ligne Dakar Tamba avec un Hub logistique sera une épine dorsale rejoint par les lignes vers Matam Ziguinchor et la Falémé.
Ce projet, piloté par la société Chemin de Fer du Sénégal et qui doit continuer vers Bamako a quasiment bouclé son financement avec le concours de la Banque mondiale.

Je signale la création récente de la société les grands trains du Sénégal qui remplace le Petit Train de Banlieue et qui a pour mission de relancer le secteur du transport ferroviaire pour la reconstruction et la modernisation du patrimoine ferroviaire national existant.

La relance du secteur ferroviaire n’est pas un projet mais une réalité.

 

 




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