Covid-19 : l’Etat face aux évènements religieux

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Dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19, l’Etat du Sénégal a instauré des mesures barrières telles

que le port obligatoire du masque dans les services de
l’administration et du privé, dans les commerces et les
transports ; le respect de la distanciation physique et
l’interdiction de rassemblement de personnes dans les
espaces publics, salles de spectacles, terrains de sport et
plages.
Or, le Sénégal s’achemine vers des événements religieux,
lieux annuels de rencontre entre guides et disciples
regroupant des milliers de personnes dans les foyers religieux tels que Touba, Tivaouane,
Ndiassane, Ngoumba Guéoul, Médina Baye, Popenguine etc. Le déroulement de ces
événements, allant à l’encontre des mesures de précautions sanitaires évoquées, il serait
crucial que les chefs de confrérie s’associent davantage à la bataille et prennent les décisions
pour le bien de leurs disciples. Leur implication dans ce genre de combat a toujours un sens et
est très souvent saluée aussi bien par l’Etat que par la communauté, d’où leurs fonctions
importantes de régulateur tant au plan religieux, social qu’humanitaire.
Dans le contexte actuel de la covid-19, l’Etat du Sénégal a plus besoin de l’implication de tous
pour enrayer cette pandémie. Dans cette perspective, la place des guides religieux est placée au
premier rang. Ce pari nécessite leur collaboration pour faire respecter à la population les
différentes mesures instruites par le Chef de l’Etat.
Du fait de l’importance qu’accordent les pèlerins à ces moments de retrouvailles, il sera difficile
pour l’Etat d’annuler ces événements, comme ce fut le cas avec la tenue des marchés
hebdomadaires (louma) en raison du rôle qu’occupe le secteur informel dans l’économie de
notre pays. Au cas où l’Etat s’inscrirait dans la logique d’interdire ces événements religieux,
des résistances pourraient surgir du côté des populations et provoquer des troubles dont les
conséquences seraient énormes.

Dans de telles circonstances, tous les événements religieux peuvent se dérouler dans leur
intimité totale en se limitant impérativement dans les régions d’accueil pour éviter la
propagation du virus (Covid-19). Pour entériner cela, l’Etat peut interdire le déplacement
interurbain deux (02) semaines avant et une (01) semaine après chaque événement et faire
appliquer la mesure par l’intermédiaire des forces de sécurité que sont la police et la
gendarmerie pour garantir le maintien de l’ordre, de la protection des personnes et des biens.
En somme, il est important de noter que cette question qui relève de la santé publique, possède d’énormes enjeux surtout économiques, d’où l’importance de son analyse objective au détriment de celle émotionnelle.

 

®Mohamet CISSOKHO
Ingénieur en Développement Territorial
Spécialiste en Economie et Gouvernance des Territoires




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